domingo, 30 de janeiro de 2011

VEN. PIE XII: Dans l’année liturgique, par conséquent, il faut voir comme un hymne de louanges magnifique que la famille des chrétiens, par Jésus, son perpétuel conciliateur, fait monter vers le Père céleste, mais cet hymne demande aussi de nous un effort attentif et soutenu pour que nous arrivions tous les jours à mieux connaître et à mieux louer notre Rédempteur.


Encyclique MEDIATOR DEI


de Sa Sainteté le Pape PIE XII

SUR LA SAINTE LITURGIE

Le Christ revit dans l’Église durant l’année liturgique

Dans l’année liturgique, par conséquent, il faut voir comme un hymne de louanges magnifique que la famille des chrétiens, par Jésus, son perpétuel conciliateur, fait monter vers le Père céleste, mais cet hymne demande aussi de nous un effort attentif et soutenu pour que nous arrivions tous les jours à mieux connaître et à mieux louer notre Rédempteur. De même requiert-il que nous nous appliquions et que nous nous exercions sans nous lasser à imiter ses mystères, à nous engager volontairement dans la voie de ses douleurs, afin de participer un jour à sa gloire et à son éternelle béatitude.

Erreurs d’auteurs modernes

Des enseignements que Nous avons donnés jusqu’ici, il résulte à l’évidence, Vénérables Frères, combien se méprennent sur la vraie et authentique nature de la liturgie les écrivains de notre temps qui, séduits par les apparences d’une mystique plus élevée, osent affirmer qu’il n’y a pas à s’occuper du Christ historique, mais du Christ " pneumatique ou glorifié ". De même n’hésitent-ils pas à affirmer que dans la piété telle qu’elle est pratiquée par les fidèles, il se serait produit, à l’endroit du Christ, un changement qui l’aurait descendu de son trône : on aurait voilé le Christ glorifié, qui vit et règne dans les siècles des siècles assis à la droite de son Père, pour mettre à sa place le Christ qui a vécu sur cette terre. Aussi quelques-uns vont-ils jusqu’à demander qu’on supprime dans les édifices sacrés les images du Christ souffrant sur la croix.

Or, ces idées fausses sont en opposition complète avec la doctrine sacrée que nous ont transmise les Pères. " Croyez au Christ né dans la chair, dit saint Augustin, et vous arriverez au Christ né de Dieu, Dieu en Dieu " (S. Augustin, Enarr. in Ps. CXXIII, n. 2). La sainte liturgie nous met sous les yeux le Christ tout entier et dans toutes les conditions de sa vie, c’est-à-dire, celui qui est le Verbe du Père éternel, qui naît de la Vierge Mère de Dieu, qui nous enseigne la vérité, qui guérit les malades, qui console les affligés, qui endure les douleurs, qui meurt et qui, ensuite, triomphant de la mort, ressuscité, qui régnant dans la gloire du ciel répand sur nous l’Esprit Saint, qui vit perpétuellement dans son Église ; " Jésus-Christ hier et aujourd’hui, lui-même à jamais " (He XIII, 8).

De plus, elle ne nous le propose pas seulement à imiter ; elle nous montre aussi en lui le Maître auquel nous avons à prêter une oreille attentive, le Pasteur qu’il nous faut suivre, l’Auteur de notre salut, le Principe de notre sainteté, le Corps mystique dont nous sommes les membres jouissants de sa vie.

Mais, comme les cruels tourments qu’il a endurés constituent le principal mystère d’où vient notre salut, il convient à la foi catholique de les mettre le plus possible en lumière. En lui se trouve comme le centre du culte divin, car le sacrifice eucharistique le représente et le renouvelle tous les jours, et tous les sacrements se trouvent rattachés à lui par un lien très réel (S. Thomas, Summa Theol., IIIa, q. 49 et q. 62, a. 5).

Ainsi l’année liturgique, qu’alimente et accompagne la piété de l’Église, n’est-elle pas une représentation froide et sans vie d’événements appartenant à des temps écoulés ; elle n’est pas un simple et pur rappel de choses d’une époque révolue. Elle est plutôt le Christ lui-même, qui persévère dans son Église et qui continue à parcourir la carrière de son immense miséricorde, il la commença sans doute dans sa vie mortelle, alors qu’il passait en faisant le bien (Actes, X, 38), dans le miséricordieux dessein de mettre les hommes en contact avec ses mystères et par eux leur assurer la vie. Or, ces mystères, ce n’est pas de la manière incertaine et assez obscure dont parlent certains écrivains récents qu’ils restent constamment présents et qu’ils opèrent ; d’après les docteurs de l’Église, en effet, ils sont d’excellents modèles pour la perfection chrétienne. A cause des mérites et des prières du Christ, ils sont la source de la divine grâce ; ils se prolongent en nous par leurs effets, étant donné que chacun, suivant sa propre nature, demeure à sa manière la cause de notre salut.

Il faut ajouter que notre sainte Mère l’Église, lorsqu’elle nous propose de contempler les mystères de notre Rédempteur, demande par sa propre prière les dons célestes grâce auxquels, par la vertu du Christ avant tout, ses enfants se pénètrent de leur esprit. Grâce à l’inspiration et à la vertu du Christ, par l’activité de notre volonté, nous pouvons recevoir en nous la force vitale à la manière dont la reçoivent les branches d’un arbre ou les membres d’un corps. De même, pouvons-nous nous transformer peu à peu, à force de labeur, " jusqu’à la mesure de l’âge de la plénitude du Christ " (Eph., IV, 13).